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Combien d’alternants une entreprise peut-elle accueillir sans se mettre hors la loi ? Derrière cette question simple se cache une réglementation bien précise, mais parfois méconnue. Entre quotas, encadrement, capacité d’accueil et missions du tuteur, les obligations légales varient selon la taille, l’activité ou l’organisation interne de l’entreprise. Dans cet article, on vous aide à y voir clair pour recruter des alternants dans le respect du cadre légal et dans les meilleures conditions de formation.
La réglementation en vigueur
L’embauche d’alternants en entreprise ne se fait pas au hasard. Elle est encadrée par des textes de loi précis, notamment le Code de l’éducation et le Code du travail. L’objectif ? Garantir un cadre de formation sécurisé, efficace et adapté aux capacités de l’entreprise.
Le nombre d’embauche en alternance
Selon l’article L6223-5 du Code du travail, un employeur peut accueillir des alternants (apprentis ou contrats de professionnalisation) à condition de leur assurer un encadrement et un accompagnement pédagogique adaptés. Ce principe fonde toute la réglementation : il ne s’agit pas seulement d’un quota, mais d’une capacité réelle à former.
La loi ne fixe pas un nombre exact d’alternants par entreprise, mais un ratio d’encadrement par tuteur ou maître d’apprentissage. Ce ratio varie selon plusieurs critères :
- La taille de l’entreprise : dans les TPE/PME, un seul tuteur encadre souvent un ou deux alternants. Les grandes structures peuvent en accueillir davantage si elles disposent des ressources suffisantes.
- Le secteur d’activité : certaines branches professionnelles définissent leurs propres seuils via des accords de branche ou des conventions collectives.
- En l’absence d’accord spécifique, le plafond légal est fixé à 2 alternants simultanés par maître d’apprentissage, avec la possibilité d’ajouter 1 alternant en fin de formation si son contrat est prolongé après un échec à l’examen.
Le rôle du tuteur est central : il garantit la qualité de l’accompagnement, l’acquisition des compétences, et le lien entre l’alternant, l’entreprise et le centre de formation.
Concrètement :
- Un tuteur peut suivre jusqu’à 2 alternants en simultané.
- Ce chiffre peut être revu à la hausse ou à la baisse selon les capacités d’encadrement constatées dans l’entreprise.
- Pour assurer un bon suivi, il est recommandé de ne pas dépasser ce quota, sauf organisation interne bien structurée.
Les facteurs qui influencent le nombre d’alternants en entreprise
Le nombre d’alternants qu’une entreprise peut accueillir ne dépend pas uniquement de la réglementation. Des critères internes et opérationnels jouent un rôle déterminant dans la capacité réelle à encadrer.
L’organisation interne et la disponibilité des équipes
La capacité d’accueil d’une entreprise dépend largement de son organisation. Dans les structures multisites ou composées de plusieurs services, il est essentiel de répartir les alternants de manière équilibrée afin que chaque équipe dispose des ressources nécessaires pour un suivi de qualité. Le tuteur doit être réellement disponible pour encadrer et, en cas d’absence, un relais doit être prévu pour assurer la continuité du suivi. Enfin, l’alternant ne doit pas être considéré comme un salarié supplémentaire : ses missions doivent rester adaptées à son rythme de formation et à son niveau de compétences, afin de garantir une progression efficace sans déséquilibrer l’organisation.
La nature de l’activité et le niveau de risque
Dans certains métiers techniques ou réglementés, l’encadrement doit être plus rapproché, ce qui limite naturellement le nombre d’alternants que l’entreprise peut accueillir. Certaines fonctions sont également soumises à des exigences strictes de sécurité ou nécessitent des habilitations et des équipements spécifiques, ce qui implique une préparation et un suivi renforcés. Enfin, la diversité des missions proposées joue un rôle clé : plus l’activité permet de varier les situations d’apprentissage, plus il est possible d’intégrer plusieurs alternants sans nuire à la qualité de la formation.
Le rôle et les responsabilités de l’encadrant en entreprise
L’accueil d’un alternant repose en grande partie sur la qualité de l’encadrement. Le tuteur ou maître d’apprentissage est la pierre angulaire de ce dispositif.
Maître d’apprentissage ou tuteur : missions clés
Le tuteur a pour mission de :
- Accueillir l’alternant et faciliter son intégration
- Transmettre les compétences métiers
- Assurer le suivi régulier des apprentissages
- Évaluer la progression et les compétences acquises
- Coopérer avec le CFA pour ajuster le parcours
Un bon tuteur doit être à la fois pédagogue, disponible et capable de s’adapter au niveau de l’alternant.
Conditions d’un encadrement efficace
Un encadrement efficace suppose du temps réellement consacré à l’alternant et l’organisation de rendez-vous réguliers pour suivre sa progression. Le parcours doit reposer sur des objectifs pédagogiques progressifs, définis dès le départ afin de donner une direction claire. Il est également recommandé de tracer les missions et compétences acquises pour objectiver l’évolution de l’alternant et anticiper d’éventuelles difficultés.

Les cas particuliers
Certaines situations sortent du cadre habituel d’accueil d’alternants. Elles nécessitent des ajustements pour maintenir un accompagnement cohérent et conforme.
Entreprises multi-sites ou multi-établissements
Dans les structures réparties sur plusieurs sites :
- Il est essentiel de répartir les alternants selon les capacités d’encadrement locales.
- Des référents doivent être désignés sur chaque site pour assurer le suivi.
- En cas de mobilité, il faut veiller à la continuité du suivi et à l’harmonisation des pratiques.
Accueillir des alternants de niveaux différents
Lorsqu’une entreprise accueille des alternants en CAP, BTS ou Master simultanément :
- Il faut adapter l’encadrement au niveau d’autonomie et aux objectifs pédagogiques de chacun.
- Prévoir des binômes avec des collaborateurs expérimentés peut favoriser la montée en compétence des profils débutants.
- Une organisation différenciée est recommandée pour ne pas diluer la qualité de l’accompagnement.
Les bonnes pratiques à l’embauche de l’alternant
Au-delà des obligations légales, adopter de bonnes pratiques dès l’embauche permet de sécuriser la relation de travail et de garantir une alternance réussie pour toutes les parties.
Construire un plan d’intégration et de suivi
- Préparer un parcours d’accueil clair avec planning, objectifs et missions.
- Organiser des points d’étape réguliers avec le tuteur, l’alternant et l’organisme de formation.
- Formaliser les engagements dès le départ pour poser un cadre commun.
Outiller l’encadrant et l’alternant
- Mettre à disposition des fiches de mission, grilles d’évaluation, tableaux de bord partagés.
- Utiliser des outils collaboratifs (agenda partagé, espace de suivi) pour fluidifier la communication.
- Prévoir des procédures simples pour signaler les difficultés ou ajuster le parcours si besoin.
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Conclusion
Accueillir un ou plusieurs alternants ne se résume pas à remplir un quota. C’est un engagement structurant, qui demande à la fois le respect du cadre légal et une organisation interne adaptée. Taille de l’entreprise, disponibilité des tuteurs, nature de l’activité, niveau des alternants : autant de facteurs à considérer pour offrir un accompagnement de qualité.
En suivant les règles et bonnes pratiques présentées, vous maximisez vos chances de réussite, tout en contribuant activement à la formation des talents de demain.
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